Re: Les tribulations de Carmia en Maecht

Si elle avait eu l'occasion de jurer en toute impunité, elle l'aurait fait. Malheureusement et surtout dorénavant, Carmia était dans de beaux draps, du moins allait l'être si elle se faisait repérer, et si elle tardait trop dans les parages. S'assurant que son frère était sain et sauf, elle remarquera que sa blessure était bénine, qu'il pouvait s'en sortir tout seul, et qu'elle devait se sortir de là. Réitérant son action précédente, elle partira derechef pour l'extérieur de la ville, cette fois-ci en courant.

la jeune Carmia partiera en courant, poursuivie par la peur et l'incertitude quand à la suite des évènements. Si son frère semblait pour l'instant tiré d'affaire, qui savait combien de temps ce statut quoi sera maintenant. Et si pour l'instant elle n'était pas recherchée, une battue pourrait bien être organisée et aussi rapide et endurante soit elle, si les bandits possédaient des chevaux et des chiens pourrait elle vraiment leurs échappés ? Tant de questions qui se bousculèrent dans son esprit alors qu'elle disparaissait dans les bois pour rejoindre la civilisation, ou tout du moins échapper aux Lorédiens.

Elle ignorait l'étendue de la forêt, et également ses locataires. Qui sait, peut-être allait-elle trouver bien pire dans ces bois.. Voilà encore une lubie qui lui taraudait l'esprit, alors que ce dernier était déjà bien occupé par des choses atroces... S'efforçant de prier intérieurement pour la miséricorde accordée à son frère, son coeur ne refuserait pas le même traitement. Il était mis à rude épreuve, et ce malgré les multiples entraînements qu'avait exercé Carmia durant sa scolarité. Cela était d'ailleurs cocasse que la sorceleuse s'était attelée à la course durant toute sa scolarité, comme son soi antérieur l'avait en un sens prédit. Quoiqu'il en soit, elle continuera de galoper jusqu'à la sortie du bois, faisant des micro pauses le temps de régénérer son énergie et sa respiration.

La course de Carmia continuera pendant des heures durant, pendant même plus d'une demi journée pendant laquelle elle faillit perdre le sens de l'orientation plusieurs fois, seul le soleil la guidera au milieu de cette forêt jusqu'à ce qu'elle finisse par en sortir, exténuée et affamée.

C'est en s'écroulant au sol que la sorceleuse reviendra à la civilisation, du moins elle l'espérait. Sa respiration saccadée et bruyante, son souffle court comme celui d'un nouveau né, on pouvait dire qu'elle avait battu un record dantesque, dont seule elle sera spectatrice. Il lui faudra bien une dizaine de minutes pour reprendre ses esprits, et arriver à canaliser ses forces qui pouvaient lui permettre de se redresser, et de contempler autour d'elle ; y'avait-il un signe de vie ? Une infrastructure ? Un humain ? Une chose particulière ?

A l'horizon, au sommet d'une montagnette baignée par la lueur orangée du soleil couchant, l'ombre d'un village se détachait. Un retour à la civilisation et aux lois que Carmia arborait tant, et dont pourtant après cette petite escapade se trouvait être étrangement réconfortante. Mais la route était encore longue, et c'est sous une nuit noire et profonde que la jeune sorceleuse atteint enfin le village qui était dépourvu de la moindre auberge. Ce qui n'était pas fondamentalement un inconvénient pour la pianienne endurcie qui pourra se contenter de creuser son lit douillet dans un tas de foin. Tout ce qui comptait après tout était qu'elle était en sécurité dorénavant, loin des bandits qui peuplaient la forêt de loredo.

Que le confort soit rudimentaire pour cette nuit, elle s'en gobergeait totalement. L'important était qu'elle s'était échappée de justesse de cette satanée ville et de ses satanées habitants. Carmia était si exténuée qu'elle s'écroulera dans la première grange et verra le foin de cette dernière comme le plus riche des lits. Elle y dormira instantanément et ne prendra le temps de réfléchir à ce qu'elle allait faire par la suite qu'après son repos. Après tout, la nuit porte conseil...
Le lendemain, lorsque le soleil sera au zénith, la sorceleuse émergera lentement, et surtout paisiblement. Elle eût le temps de se pencher sur ce qu'elle allait faire ; rentrer à Piana lui semblait être une décision judicieuse. Sortant sa carte du Continent, elle cherchera qu'elle était la ville la plus proche qui serait sûrement en possession d'un portail téléportatif.

Carmia sera partie à l'aube, parcourant les vallons des terres de Gueso accompagnée par le soleil qui se levait paresseusement pour accomplir sa longue course. L'air était frais et l'herbe mouillée, emplissant l'air d'une douce odeur de terre rustique propre à la campagne. Filant à travers les pâturages avec pour seul partenaires quelques troupeaux de chèvres esseulées, elle pourra entendre au bout de quelques heures de marche les aboiements frénétiques de chiens raisonnants dans la vallée et près de la grange dans laquelle elle avait séjournée, puis sous ses yeux divers points noirs se regrouper, encerclant la grange où elle avait élue domicile. Témoins passif d'un spectacle lointain, Carmia pourra apercevoir deux formes entrer dans une maison pour en ressortir une troisième forme alors que quelques rares points s'agitaient ci et là, sortant des divers cahutes du village. Les hommes en noirs bougeaient vite, bien plus que les autres, au loin elle pourra percevoir quelques brides de sons dont le sens avait été emporté par le vent. Au bout de quelques minutes, la scène se figera, puis un homme en noir s'approchera de la silhouette qui avait été sortie de force de la maison pour le frappé, cette dernière ne se relèvera jamais. Entrant dans la grange, les silhouettes drapées de noir se serviront de sacs et repartiront pour la plus part d'où elles étaient venues, emportant avec elles du bétail tandis que quelques villageois se précipitèrent pour tirer l'homme au sol dans une chaumière. Un autre détachement se dirigera vers sa position, accompagné par les aboiements des chiens qui retrouvèrent leurs impatiences alors que la traque reprenait.

Les senteurs de la campagne étaient les seules choses qui la rattachaient à son patelin lointain. Ce dernier lui manquait de plus en plus. Crescendo la sensation d'inconfort grimpait, alors les miasmes semblables à sa campagne atténuaient ce sentiment abjecte. Elle semblait être enivrée et calmée par les odeurs de cette luxuriante plaine, elle l'enchantait plus que son sommeil qui avait tout de même été rythmée par quelques songes mauvaises... Néanmoins, ce repos sera encore de courte durée, puisque un son imparfait perturbera sa quiétude. Comme des glapissements de chiens, cela lui parût cocasse d'en entendre alors que des moutons accompagnaient depuis peu la Pianienne dans sa traversée. Elle se retournera pour pouvoir contempler un macabre spectacle. Alors comme ça, ils avaient décidé de ne pas lâcher l'affaire ? Un mélange de crainte et de colère atteindra la tête de Carmia.
Lorsque le poids s'abattra telle l'épée de Damoclès sur l'innocent, la sorceleuse fut prise d'un soubresaut, et d'un élan de réactivité.

- " Bordel mais ils vont arrêter d'me faire chier putain ?! "

Elle se mit donc à courir, de manière modérée, vers la direction qu'elle s'était établie durant son départ. S'ils osaient tuer de sang-froid une personne n'ayant aucun tort à par celui d'avoir été sur le chemin d'une mauvaise personne, que feront-ils à la personne concernée ? Elle ne voulait pas vraiment le savoir.

La course fut longue et ardue, la jeune sorceleuse avait pour elle l'endurance, les hommes avaient la maîtrise du terrain. Plus d'une fois avait elle cru les semer alors que les hurlements de chiens se faisaient plus faibles, pour seulement redoubler en intensité quelques heures plus tard, dans une autre direction et plus fort que jamais. Elle qui avait l'habitude d'être la traqueuse, celle qui allait jusqu'à la cache des monstres pour les débusquer et les faire passer de vie à trépas était maintenant la proie. Mais les hommes comme les chiens finissent fatalement par avoir besoin de repos et quand la lune pris la place du soleil dans le firmament, les cris s'arrêtèrent laissant place au silence. La sorceleuse en profitera pour prendre une certaine avance.
Le jour suivant, l'histoire se répètera invariablement, si ce n'est que les cris étaient plus lointain, la lassitude, ou peut être la crainte de la civilisation, ralentissait les poursuivants de Carmia qui finiera par arriver en vue d'un avant poste militaire à midi dans un silence seulement troublé par le bruit des armes de métal de l'armure des gardes ainsi que par les discussions des hommes qui s'échangeaient divers bravaches d'une voix forte comme si la terre entière devait les entendre.

La farce dura donc plus d'une journée, si elle n'était pas tombée sur un campement elle aurait bien pu devenir aliénée et tenter l'impossible, comme rebrousser chemin et croiser le fer avec les malandrins. Mais bon, le destin en avait décidé autrement, et grâce au ciel la sorceleuse se vit comme sauvée. C'est à la vue des infrastructures que Carmia ralentira le pas, et viendra reprendre son souffle qui malheureusement, était mis à rude épreuve ces derniers temps. Rouge d'efforts et lasse du sport, la mutante se rapprochera des fameux gardes qui jacassaient bruyamment. Et dire qu'il y a peu elle souhaitait les voir trépasser, leur présence aujourd'hui la comblait de soulagement.

- " Y'a... Un relais téléportatif dans les environs ? "

Leur lancera-t-elle quand elle sera à leur hauteur.

les gardes confirmeront ce que Carmia savait d'hors et déjà, c'est à dire que le portail le plus proche se trouvait dans la ville de maecht, une sacré trotte que la jeune fille pourra effectuer sans problèmes, avant de prendre le portail lui coutera une nouvelle fois une poignée de 50 florins et elle pourra retourner à Piana, le trajet lui aura pris plus d'une semaine.

Lorsqu'elle parviendra à Maetch, elle se dit qu'elle allait sans doute prendre des congés, de longues vacances qui lui permettront de se remettre de cette épopée à la fois psychologiquement mais surtout physiquement. Ses jambes, si sveltes alors, étaient dorénavant cotonneuses et flasques, comme celles d'un enfant commençant tout juste à marcher. Mais malgré cela, la sorceleuse se sentait plus légère que d'accoutumée, car le poids et la menace qui pesaient sur ses épaules s'étaient envolés ! Lorsqu'elle foulera de nouveau le sol de sa bourgade qu'elle croyait avoir perdu de vue pour toujours, la Pianienne eût un petit rictus sincère, et une envie folle de revoir son père. Sans même prendre de réfléchir à quoique ce soit d'autres, elle se faufilera en direction de sa maison d'enfance, impatiente de conter sa vengeance à son géniteur, le tout parsemé de réussite. Lorsqu'elle sera arrivée chez son paternel, elle ouvrira sans toquer la porte, et s'exclamera :

- " P'pa ? Bonne nouvelle ! "