Bibliothèque

Basriek fit mine de ne pas avoir entendu le garçon, depuis le temps qu'il attendait de pouvoir lire tout à son saoul , il ne voulait pas interrompre, sa lecture , mais sentant le regard du garçon de plus en plus insistant, il soupira et tourna sa tête vers lui. Avec un sourire il l'interpella

Quelqu'un chose t'intrigue gamin ?

Parut dans la bibliothèque une créature longiligne à la démarche chaloupée, qui chantonnait gaiment et grivoisement quelque air de poivrots. Visiblement, la chose n'avait que peu d'égard pour la règle de bienséance qui prévalait dans toute bibliothèque : le silence.

- C'était une donzelle de Vicovaroooo, sérieuse le soir, bourrée le lendemain, dès le petit matin ! Cette autre donzelle de Vicovarooooo, dans le vice elle noyait son chagrin jusqu'au petit matin ! La troisième donzelle, pas difficile, cédait volontiers au premier péquin jusqu'au petit matin !

Étonné d'avoir été surprit, le garçon ne répondit au départ rien, il fixera l'homme en question, puis abaissera ses yeux sur le livre.

-Je m'demandais ce qui pouvait vous rendre aussi heureux avec cet ouvrage, qu'est ce que vous lisez ?

Besriek pouffa de rire à la réponse de l'enfant, il était petit mais dans ses yeux pétiller une intelligence vif qui semblait chercher la prochaine farce a faire.  

Ne  me vouvoie pas, je dois avoir a peine deux ou trois ans de plus que toi , et bah actuellement je lis un livre qui exprime à quels points les nécrophages sont des créature digne de vivre... Surtout quand ca parle de noyer les pécheurs partie nourrir leurs familles et les laisser pourrir sous l'eau pour attendrir la chair...

Disons que j'ai pas eu l'occasion de lire souvent et pouvoir avoir a disposition autant de bouquins, ca me laisse pas indifférent.

Besriek conclut sa phrase avec un sourire en coin avant de se replonger dans sa lecture avant d'entendre un chant grivois, Sacrilège ! Qui ose chanter dans une bibliothéque. Besriek chercher le coupable du regard.

Lazard laissa échapper un sourire, après tout, il ne semblait pas si méchant.
Il ne fit même pas attention aux autres.
-J'avoue ne pas avoir comprit l'ensemble de ce que tu viens me dire, pour tout te dire je viens d'une région éloignée, j'ai été élevé dans les montagnes.
Le garçon laissa émaner un doute au vu de sa réaction au bruit d'un des apprentis, peur être l'ennuyait-il ?

Camille s’arrêta à deux mètres de Nero, le fixant.

- Salut.

Le masque de l'être filiforme pivota lentement sur le côté pour observer celle qui l'apostrophait de derrière. Il resta stoïque quelques instants, une manière quelque peu perturbante car son masque inexpressif ne donnait aucune indication sur les émotions qu'il pouvait bien ressentir. Il finit par se retourner afin de lui faire face, effectua une révérence très cordiale et distinguée, et prononça ces quelques mots d'une voix délicate :

- Mes salutations, monsieur.

Après quoi, il se retourna de nouveau pour observer le paysage comme si rien ne s'était passé, et que la fille n'existait pas.

Elle fronça les sourcils.

- Monsieur? J’ai l’air d’un monsieur?

Elle prenait un ton ridiculement théâtral, semblant interpréter les manières de Nero comme une vaste blague.

Sans quitter le paysage des yeux, l'absurde répondit sur un ton quelque peu moqueur.

- Les dames ont une poitrine, de ce que j'en sais mon bon monsieur. Enfin, peut-être aurez vous l'air d'une dame un beau jour, sait-on jamais.

Elle souffla du nez, foncièrement amusée.

- C’est osé ça! Ce genre de propos ne sont pas acceptables, ma bonne madame!

Enfin, l'étrange garçon se retourna vers son interlocutrice pour de bon. Il en avait déjà assez du paysage, après tout aussi beau qu'il fût, il était inamovible et ne risquait ni de l'impressionner plus aujourd'hui, ni de s'échapper s'il voulait se replonger dans les arts nobles de la contemplation. Il haussa les épaules et leva les bras dans un geste grandiloquent, une lueur malicieuse dans la teinte maronâtre de ses yeux, seuls éléments visibles de son visage à travers son masque.

- Les faits sont ce qu'ils sont, qui suis-je pour les nier ? Enfin, quel est votre nom, vous qui implorez si ardemment mon attention ? Laissez moi deviner... Alberto ?

La distance entre les deux protagonistes se réduit drastiquement, car il fit un pas dans la direction de la fille, qu'il toisa de haut en bas, avant de s'arrêter longuement sur son visage.

Le voyant s’approcher, Camille vint plaquer sa main droite contre sa bouche, feintant être outrée.

- Mais diantre! Quel manque de bonnes manières!

Elle recula d’un pas.

- Comment diable pourriez croire que j’eusse un quelconque besoin d’attention de votre part, vous, un malotru?

La voyant reculer, il continua sa marche avec nonchalance, la démarche toujours aussi chaloupée que lorsqu'elle l'avait suivi.

- Hum, laissez-moi réfléchir. Votre voix fébrile, votre regard fiévreux, votre cœur palpitant. Votre "salut" timide de pucelle effarouchée. Oui, je dirais que vous avez eu le coup de foudre, mon irradiante beauté vous inonde, vous subjugue, vous tétanise. Mais je me vois dans l'obligation de vous rappeler que deux hommes ne peuvent éprouver de tels sentiments l'un pour l'autre, la nature n'est pas ainsi faite, grossier personnage. Laissez-moi donc, Alberto. Laissez moi ou je vous dénonce à la garde.

- Quelles accusations honteuses!

Elle croisa ses bras contre son torse, pinçant des lèvres, cette fois-ci ne reculant pas, tenant sa position.

- Vos propos vont au-delà de toute logique et respect imaginables. Dans votre esprit ne germe donc point l’idée qu’une personne puisse simplement vouloir s’enquérir de la journée d’une autre sans une once de prétentions séductrices? Vous êtes certes un objet d’intrigue ma pauvre, d’ailleurs notons que vous n’êtes point un homme, mais comment puis-je vous déclarer séduisante? Je ne puis même m’imaginer les traits que dissimulent ce masque!

La chose masquée s'arrêta donc net, à quelques centimètres à peine de la femelle outrée, la dépassant d'une bonne tête.

- L'allure d'un homme, et ses manières, monsieur me tient tête. N'ayez crainte, je ne répèterai à personne que brûle dans votre cœur un amour sans borne pour mon illustre personne, ce sera notre secret. Je me dois cependant de décliner, comme je vous l'ai dit, affirma-t-il d'un air tragique et particulièrement convaincant avant de tirer de sa poche un mouchoir neuf, qu'il tendit à Camille dans un geste leste et gracieux. Tenez, séchez vos larme, je sais, je sais c'est dur ! Pauvre de vous, condamné à épouser quelqu'un d'autre, quelle tragédie !

Il fit un instant mine de pleurer, puis sécha des larmes imaginaires sur son masque.

Elle leva le menton, lui tenant courageusement tête.

- Et qui croira vos mensonges madame? Qui donc accorde une quelconque valeur a la parole d’une femme sans dignité? Votre vie est-elle si vaine qu’il vous faut pour vous divertir diffamer des personnes aux désirs pavés de bonnes intentions?

Elle se saisit du mouchoir, et le frotta contre le masque de Nero comme on éclaterait une tarte sur le faciès d’un bouffon là pour divertir.

- Ne pleurez donc point sans raison, ou vous finirez par regretter de pouvoir singer la douleur!

L'absurde se laissa faire sans broncher, il était après tout habitué à pire. Cela eut même pour effet de le faire rire doucement. Un rire sardonique qu'il s'adressait probablement à lui-même, mais qui gagna en intensité assez rapidement jusqu'à s'arrêter net, un instant avant qu'il ne devienne ridicule.

- C'est une belle pique, que vous nous lancez-là ! En savez-vous quelque chose, de cette difficulté qu'ont les femmes de petite vertu à se faire entendre... Madamoiselle ?

Il avait enfin arrêté de qualifier son interlocutrice d'homme, mais la tournure de sa phrase suggérait très grossièrement qu'il soupçonnait un manque de vertu chez elle. Était-ce mieux, était-ce pire que se faire qualifier d'homme ? Elle seule pouvait en juger. Il fit dès lors un pas en arrière, toujours l'air très amusé.

Elle fit alors un pas en avant, mimant de le menacer.

- Précisez donc votre pensée mon cher, si vous l’osez.

Lorsque Nero remarqua qu'elle avançait, il fit également un pas en avant de sorte à ce que les deux "belligérants" s'entrechoquassent brièvement.

- Oh, vous avez donc une poitrine, finalement, s'exclama-t-il en suivant. Peut-être... en faites vous usage avec quelque peu de légèreté ? Demanda-t-il dans la foulée, l'air narquois.

Tester les limites de sa nouvelle "amie" semblait toujours beaucoup l'amuser. Il s'arrêta donc après sa phrase pour admirer le visage de Camille et son air courroucé qui la rendait assez rigolote, peut-être mignonne, même ? En tout cas, il se délectait de la situation, et cela se sentait malgré l'absence d'expressivité induite par son masque.

Elle levait le menton fièrement, ne semblant pas gênée par cette proximité.

- Et pourquoi cela vous intéresse-t-il? N’avez vous donc aucune vertu pour songer à faire appel à pareil service?

Son petit nez était retroussé comme dans une manifestation de dégoût, sa cicatrice parcourant sa joue et son nez semblant palpiter, alors que de ses yeux bleus s’échappaient une lueur rieuse. Elle était plutôt agréable à à regarder, c’était même un euphémisme, même sa balafre, qui pourrait être repoussante, semblait mettre en exergue les traits de son visage.

L'absurde n'avait lui non plus aucun mal à soutenir ce regard étrange, qui mêlait amusement et dégoût. Un genre de regards qu'il avait d'une certaine manière l'habitude de voir, mais dans des visages bien moins agréables que celui de la jeune femme. Il sourit. Cela ne se voyait pas, mais s'entendit au son de sa voix.

- Peu importe la raison ; tout ce que je note c'est que vous ne niez pas.

Il embraya ensuite sur un ton beaucoup plus sérieux, sans aucune transition, ni lui laisser le temps de répondre à ces accusations éhontées.

- Je cherche une muse, et ma foi vous êtes parfaite, aussi acide que sucrée. Cet emploi vous conviendrait-il ? Je vous préviens, vous ne serez pas payée, mais vous n'aurez pas grand chose d'autre à faire que d'exister et m'inspirer non plus.