Le Rieur Sanglier

Et c'est pile quand quand la jeune femme entra que le visage du sorceleur pivota pour voir ce qu'il se passait. Suivant du regard l'avancée de la nouvelle entrante, Æmilius sourit brièvement lorsqu'elle s'assit pas très loin de lui, et encore plus lorsque celui-ci vit le médaillon dépassé de la poitrine, plutôt proéminente il fallait l'avouer de celle-ci. Cependant, une interrogation passa dans son esprit: il ne savait pas que les femmes sorceleuses existaient ? Du moins pas de cette génération ... Ce mystère serait donc à résoudre plus tard, car le "soldat" déguisé interpella sa voisine.

-A la recherche d'un contrat ?

Une voix avenante, appelant à la sympathie.

-Si vous avez quelque chose pour moi je suis preneuse, je ne refuse que rarement un travail, par contre les verres oui.Lui répond Galanthis d'un sourire charmant et d'un ton suave.

Les deux coudes négligemment posés sur le bois du comptoir, il continuait de regarder sa pinte qu'il venait de terminer. Son visage presque, quelques bribes d'un début de barbe étaient visibles par-ci par-là, enfantin pivota dans la direction de sa voisine.

-Non, mais en prêtant l'oreille aux diverses discussions on peut toujours entendre des rumeurs quelconques ... et pour cela. Il s'interrompit pour héler un serveur, qui arriva juste après afin de remplir sa pinte vide. Il vaut mieux avoir un verre et s'armer de patience.

-Mercenaire en tenu de soldat ? Pourquoi pas après tout. Je ne faisais que chercher un peu de compagnie, je ne suis pas pressé de trouver un contrat, le dernier m'a rapporté bien assez. Elle rit d'une façon séduisante pour clore sa phrase. Difficile à dire comment elle peut être aussi envoûtante en étant malgré tout une mutante avide de combat et de sang. Surtout de sang certains diront au vu de la brutalité sanguinaire des sorceleurs mais très peu de ces détraqueurs oserait dit non aux avances de Galanthis si elle en faisait, même recouverte de sang. Elle fait des yeux doux, papillonne des cils à AEmilius en portant sa main à sa son visage pour caresser replacer quelques mèches de cheveux derrière son oreille mais ne commande rien. Pourtant le patron sait que la virer est un mauvais choix, qu'une femme pareil attirera les clients et surtout que certains essayeront de la séduire avec de l'alcool.

-Soldat en tenue de soldat. Mais il est toujours bon de se tenir au courant des rumeurs qui circulent.

Répondit d'abord l'intéressé avant de continuer.

-Alors si vous cherchez un peu de compagnie je peux modestement vous offrir la mienne si tant est que vous l'acceptiez bien entendu.

Bien évidement, le jeu auquel la jeune femme jouait attirait forcément les regards de quelques clients, mais ceux-ci restaient à leurs places probablement intimidés par le médaillon trônant sur l'imposante poitrine de celle-ci, tout comme il attirait le regard de son voisin. Æmilius ne semblait être nullement insensible aux charmes de sa voisine et de sa gestuelle.

-Vous n'avez pas de bataillon avec vous ou quoi ? Un soldat seul est d'une faiblesse accablante vous savez... Ce n'est pas une provocation bien sûr mais la plupart des monstres sont d'une puissance incomparable. Lui demande la belle femme qui n'est plus si jeune qu'elle en a l'air.

-Je ne suis plus d'astreinte et je bois tranquillement un verre avant de rentrer chez moi.

Sans provocation il répondra. Enfin il le savait puisqu'il était lui même sorceleur.

-Oh ... je le sais. Après tout c'est pour cela que vous êtes sorceleur: pour chasser les monstres qui terrorisent les gens. Ce que nous ne pouvons pas faire, nous soldats. D'ailleurs je vais quand même vous le demander, vous voulez boire un verre ?

-Je ne suis pas sorceleuse par choix, on ne décide pas de ce genre de chose mon brave... Je n'aime pas l'alcool désolé. Je ne bois que pour ne pas mourir. Si vous voulez me séduire, je suis réceptive à d'autres types d'attention toutefois.

Galanthis était toujours souriante d'ailleurs et ses yeux bien qu'ils n'aient pas la lueur féline des sorceleurs sont d'un vert très attirant, d'une profondeur enivrante. Peut-être est-ce l'alcool ou juste son corps mais il fait chaud dans la taverne.

Æmilius sourit, la remarque de son interlocutrice était amusante surtout après avoir évoquer la somme d'argent que celle-ci avait reçu lors de son dernier contrat.

-Mais cela n'a pas l'air de plus vous déranger que cela je me trompe ?

Plongeant sans une once d'hésitation dans l'océan vert de ses iris, le jeune homme rigolera légèrement avant de prendre une gorgée de sa boisson.

-Oh je suis sur qu'il y a plus de personnes ici qui aient envie de vous séduire que moi. Mais soit je vous prends au mot, de quoi la dame a envie ? D'ailleurs, on pourrait peut être se présenter non ou bien les familiarités de ce genre ne sont pas de votre genre ?

-Cela ne me dérange plus à force ... Peut-être qu'avant oui, je ne sais plus. Vous pouvez m'appeler Galanthis, comme mon accent trahit, je viens de Rivie. J'aimerais surtout croiser un sorceleur et de la poésie à vrai dire. En êtes vous capable ? Énonce-t-elle ironiquement ne se doutant pas de la situation.

-Galanthis ... Un nom qu'il notera volontiers dans sa tête. Enchanté Galanthis, je me prénomme Syalis, et je suis originaire d'ici.

Enfin en voyant un "soldat" dans une taverne portant les couleurs du Royaume, ce n'était pas non plus très difficile à deviner.

-Un sorceleur ? Faire une traque ensemble ? Enfin je ne suis pas un sorceleur évidement, par contre je peux peut être me débrouiller pour votre seconde demande

Elle rit à la remarque de l'homme.

-Pour tout vous dire je suis amnésique, Galanthis n'est sûrement pas mon vrai prénom et je suis un peu à la recherche de mon passé. Je sais juste que je suis sorceleuse. Dans mon malheur, j'ai la chance que la longévité des sorceleurs fassent que je puisse trouver un ami d'enfance ou autre à force de chercher. En attendant fais moi part de ton lyrisme mon brave Syalis

-Oh ... je vois. Vous m'avez l'air pourtant jeune, enfin les apparences sont trompeuses je suppose.

Il était très impoli de demander l'âge d'une demoiselle, pourtant il rêvait de savoir depuis combien de temps cette sorceleuse pouvait être sur les routes.

-Je vais tâcher de vous faire plaisir gente dame.

Un sourire, son visage s'étira légèrement avant qu'il ne pose sa pinte et ne pivote vers sa voisine. Son regard ne la lâchait maintenant plus et il se concentra quelques secondes, laps de temps pour mettre en ordre ses pensées.

Lydie, es-tu sincère ? Excuse mes alarmes :
Tu t’embellis en accroissant mes feux ;
Et le même moment qui t’apporte des charmes
Ride mon front et blanchit mes cheveux.

Au matin de tes ans, de la foule chérie,
Tout est pour toi joie, espérance, amour ;
Et moi, vieux voyageur, sur ta route fleurie
Je marche seul et vois finir le jour.

Ainsi qu’un doux rayon quand ton regard humide
Pénètre au fond de mon cœur ranimé,
J’ose à peine effleurer d’une lèvre timide
De ton beau front le voile parfumé.

Tout à la fois honteux et fier de ton caprice,
Sans croire en toi, je m’en laisse enivrer.
J’adore tes attraits, mais je me rends justice :
Je sens l’amour et ne puis l’inspirer.

Par quel enchantement ai-je pu te séduire ?
N’aurais-tu point dans mon dernier soleil
Cherché l’astre de feu qui sur moi semblait luire
Quand de Sapho je chantais le réveil ?

Je n’ai point le talent qu’on encense au Parnasse.
Eussé-je un temple au sommet d’Hélicon,
Le talent ne rend point ce que le temps efface ;
La gloire, hélas ! ne rajeunit qu’un nom.

Au fur et à mesure qu'Æmilius chantait, son esprit s'envolait avec bonheur. L'âme caché des artistes pouvait l'être chez un soldat.

-Les apparences sont très trompeuse ... D'ailleurs si je n'ai pas de cicatrice, ce n'est pas par manque d'expérience. Très beau poème, je suppose. Le temps me laisse insensible vous savez donc je comprend difficilement ce sentiment de vieillesse, je ne sais pas si j'en ai réellement capturé l'essence. Mais c'est un beau poème pour sûr... Répond Galanthis, frappant doucement dans ses mains en signe d'applaudissement, un sourire aux lèvres.

Et elles les étaient, trompeuses car un sorceleur déguisé en soldat discutant avec une sorceleuse il y avait de quoi rire.

-Devons-nous réellement en capter l'essence pour en apprécier la beauté ? Laissons le nous transporter ailleurs ... en tout cas je vous remercie, car ce n'est pas réellement l'endroit où l'on peut s'adonner à cet art et il est plutôt rare de trouver une personne l'appréciant ici.

Depuis le début il était dos à la salle mais en disant cela il pivota pour observer l'ensemble de la salle et des ses habitués ... non ce n'était définitivement pas le bon endroit.

-Peut-être avez vous un endroit plus ... Intime à me présenter alors ?  La femme avait accentué d'une sensualité étonnante le mot le plus important de sa phrase.

Les mots de la jeune femme le fit sourire, cette soirée s'annonçait ... bien plus intéressante que prévu.

-Il se pourrait oui ... attendez moi dans les escaliers menant à l'étage je m'arrange avec le propriétaire.

Une fois que la jeune femme prendra la direction de celle-ci, si elle la prend, Æmilius appela un de gérants afin de louer une chambre pour la nuit.