Le port de Novigrad

- Si vous le dites...

Parvient-elle à dire d'un souffle lourd, réalisant tout de même, car pas assez sotte, qu'elle était probablement vue comme une vulgaire traînée par tous ces hommes... L'idée lui donne la nausée, et elle ne sait plus ce qu'elle doit faire. Si elle n'était pas totalement tétanisée, la pauvre Lyna serait bien incapable de fuir maintenant. Elle aurait d'ailleurs aimé que la personne dont elle n'avait de certitude quant à son genre - mais qui lui sembla être une femme, peut-être l'instinct féminin - reste un peu plus longtemps, peut-être assez pour qu'elle s'accommode à l'atmosphère, ou pour qu'elle lui dise de s'en aller au plus vite... Mais cela n'arriva pas, et Brashen la sortait de ses pensées, en lui demandant où est-ce qu'elle voulait aller. Elle le fixa hagarde, quelques instants, avant de répondre.

- Je... je ne sais pas...

Il allait devoir entreprendre.

Je peux peut-être vous faire quelques propositions et vous laissez choisir, cela vous conviendrait-il? Tout d'abord pour avoir la plus belle vue de tout le port de Novigrad c'est là-haut que ça se passe, lui dit-il tout en pointant son index en direction du sommet du grand-mât. C'est le nid-de-pie, c'est là où nos guetteurs observent la mer, à la recherche d'autres navires ou d'une terre à l'horizon, toutefois je pense qu'il serait trop dangereux de se rendre aussi haut pour une jeune femme de votre condition.

Notre navire est une caraque à trois mâts. Le mât central est appelé le grand-mât, le mât avant est le mât de misaine, quant au mât plus petit situé à l'arrière du vaisseau, il s'agit du mât d'artimon. Ces mâts permettent de soutenir les voiles et ainsi d'avancer grâce à l'action du vent, et c'est là que nous intervenons, nous les gabiers. Notre rôle est de nous occuper des manœuvres et de l'entretien du gréement, donc des voiles et des mâts. Travailler à une telle hauteur est périlleux et c'est pourquoi le capitaine n'y affecte que les matelots les plus habiles, toutefois pour nous aider nous pouvons nous appuyer sur ces plateformes, les hunes, situés au milieu des mats. Peut-être qu’accéder à la hune du grand-mât, pour observer la vue qui reste sublime bien que ne valant pas celle de la vigie, vous plairait-il ?

Si grimper vous fait peur et si le cœur vous en dit nous pouvons aussi visiter la cale où sont entreposés nos vivres ainsi que nos différentes marchandises ou bien nous pouvons nous rendre à notre lieu de repos bien que l'odeur et la crasse vous indisposeront sûrement, tout comme les marins qui y dorment.

Enfin il nous reste l'avant du navire que l'on nomme la proue avec sa fameuse figure de proue, qui devrait être en principe la seule femme à bord, et l'arrière que nous appelons la poupe.

Alors une préférence demoiselle Lisa ? lui demanda Brashen, de toute évidence passionné par La Siffleuse.

Cela faisait beaucoup d'informations à assimiler, la jeune fille ne savait exactement où donner de la tête, peut-être aurait-elle su en temps normal, mais dans les conditions actuelles... Alors, reprenant peu à peu sa respiration au fur des descriptions, faisant quelques pas timides à droite, à gauche, comme pour suivre les mouvements de bras de l'Albatros, elle trouva enfin ancrage lorsque ses yeux se posèrent sur l'avant du navire, le lieu lorsqu'atteint, donnant une vue particulière sur l'horizon, et un goût tout aussi spécial à la mer. Elle fit quelques pas dans cette direction, seule alors que le gabier donnait une brève description de la poupe, et dit :

- Je voudrais voir la femme que vous décrivez.

Si l'équipage était assez connu pour ceux se payant les services de mercenaires, une jeune fille comme elle, ne connaissait pas grands choses de tous ces corsaires et leurs spécificités.

La nuit était presque tombée quand l’énorme hourque leva l’ancre, les cris des matelots retentissant: enfin, la mer, son atmosphère, son odeur, sa douce peau... Ces hommes revenaient toujours à la mer, aucune femme et aucun alcool ne pouvant étancher ou voiler leur amour pour le large. Un marin du bateau de l’armateur se penchera à la poupe, gueulant à l’avis des mercenaires: inutile? Sûrement. Nul n’était aveugle ici. Mais peut-être étaient-ils arriérés après s’être pris trop de coups au crâne? Savait-on jamais...

- NTARDEZ PAS TROP À LEVER L’ANCRE!!!!

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Kamilė, n’ayant pas encore de fonctions réellement propre, nouvelle recrue, ressortit des cales à la nuit arrivant, plus de flasque visible.
Aux cris d’un marin du bateau qu’ils devaient suivre, sa démarche se fit plus rapide sur le pont pour porter main forte à d’autres marins de leur bord, au point de partir.

Le capitaine était penché, et c’t’ai de ce conseil là qu’ils allaient lever les amarres, tant s’en faut, ce n’était pas trop tôt ! Chevelure impeccablement blanche, les informations transmises à la taverne acté par le bouche à oreille plus ou moins fiable, Kamilė ne se rendrait pas coupable d’un faux départ. C’était qu’ils devraient rattraper fissa l’employeur pour ne pas qu’une réputation trop inutile soit répandue.