Le temple du Grand Soleil

Les pas de Rhadamanthe l'ont conduit jusqu'ici. Il leva son regard sur ce grand bâtiment... C'était de loin le monument le plus impressionnant qu'il ait vu depuis qu'il avait quitté Beauclair, sans compter Kaer Morhen bien sûr. Il laissa échapper un sifflement, se courbant en arrière, mains sur la taille, pour pouvoir bien observer ce qui se dressait devant lui.

- Nilfgaard et la démesure hein ?

Pensa t'il à voix haute, amusé, avant de chercher du regard des gardes. Quand il les vit, il s'approcha, voulant tâter un peu le terrain.

En compagnie de Radhamanthe, la chapardeuse arrive ici a son tour, son premier regard va vers les soldats d'élite et son questionnement est, sont ils plus fort ou non que des Sorceleurs comme Eskel ou Jorah par exemple. Evidemment, ils sont très vite éclipsé par la taille incroyable du temple qui s'approche d'ailleurs d'avantage d'une cathédrale. Enfin, elle avait deja vu plus impressionnant a Novigrad mais ça restait quand même pas mal du tout pour une ville du nord. Loin des petites chapelles de village.

- Il y'a plus grand a Novigrad. Mais oui, c'est pas mal du tout.

- Salutations messieurs.

Lança alors Rhadamanthe, sur un ton poli.

En voyant les allées et venues du Temple, l'adolescente comprend immédiatement qu'il ne sera pas possible d'y entrer. Ne préférant pas trop perdre de temps ici, elle préfère poser sa question directement.

- Bonjour Soldats, j'aimerais savoir ou se trouve la garnison.

Demande-t-elle poliment.

Pas très causant les gaillards. Inutile d'y aller par quatre chemins, pensa le novice.

- Comment rentre t'on dans le temple ? Plus précisément dans la bibliothèque ? Faut il une autorisation de quelqu'un ?

Demande alors Rhadamanthe, sur un ton neutre.

- Je vais te laisser Rhada'. On se voit plus tard.

Les échanges ne mèneront a rien ici, l'adolescente décide donc de se diriger vers le quartier populaire.

Les gardes ne répondirent pas, mais la voix de Rhadamanthe n'était pas tombée dans le vide, et un homme, de toute évidence un fidèle du culte avait remarqué le jeune homme, et s'avança vers lui.

- Bien le bonjour mon garçon, tu t'intéresses au Grand Soleil ?

Il porta une main sur son épaule, pour l'emmener hors du périmètre des gardes, pour ne pas les déranger plus longtemps.

Rhadamanthe tourna son regard vers l'intéressé. Il allait falloir la jouer finement.

- Effectivement monsieur.

Rhadamanthe se laissa entraîner ainsi, et poursuivit.

- Je suis originaire de Toussaint, alors j'ai naturellement toujours été proche de Nilfgaard. Néanmoins même là bas, un duché affilié à l'empire, je n'avais pas à ma portée toutes les informations auxquelles j'aurais aimé avoir accès.

Il observa les vêtements de son interlocuteur.

- Je manque à tous mes devoirs. Je me nomme Rhadamanthe monsieur... Monsieur ?

- Je vois je vois...

Il hoche doucement la tête à ses mots.

- Monsieur est suffisant pour ma humble personne, mon nom ne vaut rien mon garçon. Alors alors, que cherches-tu dans la Bibliothèque du temple ?

Demande-t-il avec au moins un semblant de bienveillance.

- Plusieurs choses à vrai dire.

Tandis qu'il parlait, l'esprit du jeune Rhadamanthe ne se reposait pas, analysant la situation et jugeant des meilleurs mots à employer. Il avait finalement conclu que pour arriver à ses fins, il allait devoir trouver un moyen de "justifier" chacune de ses recherches. Et dans le cas présent, la justification adéquate, c'était Nilfgaard, le grand soleil.

- Et bien voyez vous... J'ai appris que sa seigneurie Alduin var Emreis appartenait à une lignée très ancienne. J'ai fait mes recherches, et le terme de "sang ancien" ne cessait de revenir. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait de Lara Dorren. Mais bien vite, les maigres sources que j'avaient à ma disposition se sont tus. J'aimerais en savoir plus sur cette lignée royale.

Il poursuivit ensuite.

- Par ailleurs, je préfère être franc avec vous, bien que mes pupilles m'aient sûrement d'ores et déjà trahies. Je suis sorceleur.

Classique, faire preuve de franchise envers son interlocuteur pour le mettre en confiance.

- Et je sais que sans Nilfgaard, cette caste qui est la mienne aurait disparu. Néanmoins j'aimerais comprendre pourquoi le Soleil a choisi de sauver ceux qui allaient devenir mon espèce. Pour ça j'aimerais parcourir des textes traitant de la vie du sorcier Alzur. Un homme controversé, mais qui a néanmoins crée les premiers sorceleurs. En me renseignant sur lui et ses contemporains, j'aimerais tenter de comprendre. Ce sorcier avait il un lien, à son époque, avec Nilfgaard ? Jusqu'où remontent les relations entre les sorceleurs et l'Empire du Sud ? Trouver des réponses à toutes ses questions me permettraient de mieux comprendre ma place dans tout ça. Après tout, mon père, bien que je ne l'ai pas connu, était un Nilfgaardien.

Le vieil homme hoche doucement la tête.

- Oh je vois, je vois...

Il semblait entrer involontairement dans le jeu du jeune Rhadamanthe.

- Sire Morvid pourra alors vous aider à prendre la foi du Grand Soleil... En attendant, je peux vous dire ce que l'on peut trouver dans le lieu des érudits du temple, puisque l'on n'y rentre pas comme cela. Il y a bien des choses sur notre très grand empereur et ses ancêtres, mais je crains qu'il n'y ait rien au sujet d'Alzur...

Il hoche négativement la tête.

- Ce n'est pas la meilleure piste, mais Valaar Morvid pourra mieux vous renseigner à ces sujets que moi...

Rhadamanthe hoche la tête. Ainsi on en revenait à Valaar. Le problème était que le bougre n'était pas très causant, pour ainsi dire.

- Je vois. J'essayerais de lui parler dès lors.

Le garçon demanda ensuite, prenant un air un peu las.

- Hélas monsieur Morvid est difficile à aborder. Auriez vous quelques "conseils" pour discuter avec lui dans les meilleures conditions ?

- Je sais que c'est un homme qui aime les choses concises.

Répond le religieux, songeur.

- Effectivement.

Décidément tout cela n'aura pas servi à grand chose, néanmoins Rhadamanthe demande.

- En définitive, qui a le droit de parcourir ce temple qui se dresse derrière nous Monsieur ?

- Les prêtres du temple mon garçon, ou ceux qui se décident à étudier ici. Le temple est aussi une école.

Sans doute que Rhadamanthe ne serait pas intéressé, et même s'il l'était, c'était une chose bien compliquée pour lui que de se lancer dans la théologie tout en étant à Kaer Morhen.

- Je vois.

Au moins ce gaillard était il sympathique.

- Merci bien d'avoir répondu à mes questions en tout cas, Monsieur.

Le vieil homme n'insistera pas autant qu'il aurait voulu pour pousser Rhadamanthe vers la foi du Grand Soleil. Il ne pouvait se tourner vers cela avec son rôle de sorceleur. Un peu déçu par cette rencontre au bout du compte, il souffla.

- Que le savoir te sourit mon garçon.

Dira-t-il en guise de salutations, Rhadamanthe restant à ses yeux une personne intéressée. Le vieil homme ne devinant pas que le natif de Beauclair l'avait manipulé quelque peu.

- Merci, bonne continuation à vous aussi monsieur.

Aura répondu Rhadamanthe, avec un sourire aimable et sincère, du moins en apparence, avant de tourner les talons.

Fut-il trop jeune pour avoir jamais compris l'existence du temple du Grand Soleil à Vizima, ou simplement trop cloîtré dans certaines parties de la grande cité, n'enlevait pas son existence, déjà répandue par delà le Continent, lors de la petite enfance du Témérien. Mais certes, Seig Lyn, par sa taille, et son histoire, était bien plus teintée par cette foi, que la plupart des cités du Nord.

Poddrick sera arrêté, par les deux gardes stationnés devant les escaliers menant au temple.

- Halte-là.

Sans ajouter de question, sans donner d'information au jeune homme.

Poddrick s'arrêtera face aux deux gardes, lui fallait il maintenant une autorisation pour pénétrer dans un lieu de culte ? Peut être était-ce l'heure d'une quelconque office dont il n'avait pas eu connaissance. Mais ce faire arrêter par deux gardes était quelques peu étonnant, il se serait attendu à un comité d'accueil plus agréable, et moins armé. Le jeune homme redressera la tête afin de dévisager les deux gardes avant de répondre sans aucune aimabilité, mais sans agressivité non plus, il énonçait juste un fait :

- Je souhaiterais passer, je dois rentrer dans le temple pour me recueillir et pour parler à un prêtre.

Une demande raisonnable, et il espérait que les gardes seraient se montrer tout aussi raisonnable en retour.