La bataille dans les cours

Alban et ses compagnons arrivent depuis la forêt, dans le dos de beaucoup de ces sauvages.

-On essaye de rester groupés, ils sont nombreux, faut pas faire les cons. Salazar, fait pas le héros.

Après son petit discours, il dégaine son épée et commence à courir vers l'armée sauvage. Il tente de ne pas faire trop de bruit tout de même (il ne crie pas comme un demeuré), voulant profiter au moins d'un petit effet de surprise. Il tentera d'esquiver toutes les flèches qui pourraient voler dans sa direction, si jamais l'esquive est impossible, il érigera ses meilleurs Quens.

Maintenant à porté des barbares, il commence à faire chanter sa lame. L'épée d'argent, destinée aux monstres les plus terribles, allait ce soir mettre fin aux jours de ces immondes Haakis qui avaient emporté ses parents quelques années auparavant. Mu par la haine et la colère qu'il éprouve envers ces êtres ignobles, il n'est prit d'aucune pitié lorsque sa lame s'abat avec fureur sur leurs corps vulnérables. Etant donné qu'il combat en groupe, il fera bien entendu attention à ne pas trop gêner ses alliés. Autant dire qu'il ne balance pas d'amples coups d'épées à la chaîne. Il optimise ses mouvements afin de tuer aussi vite et précisément que possible, favorisant les coups d'estoc. Bien entendu, il commence par s'attaquer aux sauvages qui lui tournent le dos et qui, avec le vacarme de la bataille, ne l'ont certainement pas entendu venir.

Evidemment, certains adversaires répliqueront, il s'efforcera de parer leurs coups un maximum, avec son épée comme avec des Quens érigés en urgence, et de les esquiver lorsque cela est possible sans déranger ses camarades de bataille. Si jamais il a une seconde de répit, il veillera à ce que ces derniers aillent bien, pouvant aller jusqu'à parer des coups d'épée à leur place, ou Aard leurs adversaires, pour leur sauver la vie.

Au fur et à mesure que la bataille progresse et que les victimes du sorceleur s'accumulent, Alban sent l'anneau à son index le démanger de plus en plus. Il tente de garder le contrôle, essayant de ne pas se plonger dans l'état de transe dans lequel il pouvait aisément tomber à cause du bijoux maintenant chargé. Il se refuse pour l'instant à utiliser son pouvoir, le sachant bien trop destructeur. Cela pourrait s'annoncer fatal pour ses alliés. Néanmoins, s'il se retrouve dans une situation où sa vie ne tient qu'à un fil, il n'hésitera pas à en faire usage, tentant tout de même de se maîtriser. Il sait au fond de lui que permettre à l'anneau de déchaîner tout son pouvoir se révélerait être dévastateur. Aussi difficile que ce soit, il fallait que sa conscience tienne bon. Peut être que l'étrange créature qui lui en avait fait cadeau regarde son combat et s'en délecte. Grand bien lui en fasse, Alban lui donnera du spectacle. Car aujourd'hui Alban ne se bat pas simplement pour lui, il se bat pour ses camarades et pour Kaer Morhen.  

Violette n'avait jamais participé à aucune guerre. Des batailles, avec les cheveux en batailles ça par contre, elle ne pouvait pas l'occulter. La première, était celle de l'allégorie de la caverne. C'était celle de tout Hommes enchaînés par la fatalité, et qui se rebellent un peu contre des aspects de leur condition. Et ça commence par se rebeller contre le froid, la faim etc.. L'ennui même. Mais les hommes, ce sont des animaux.

Moi ? Je crois comprendre aujourd'hui qu'elle ne s'est jamais totalement terminée, ma première bataille.
C'est vrai. dès le départ, tu voulais sortir de la caverne, et t'exposer à pire. Toi c'était pour voir le ciel, qui presque jamais n'est là bas visible. C'est juste des yeux d'enfant qui ne le remarquaient pas. Pourtant, ils sont toujours violets, tes yeux, même maintenant. Ton nom est même "Violette". Mais personne ne semblaient les voir, cette particularité. C'était comme si les montagnes de Toussaint les plongeaient toujours dans l'obscurité. Et là encore, ta couleur se perd, tu es commune, infantile?
Mais on ne me demandais jamais de lever la tête, à moi.
Ou alors, c'est toi qui ne voulait pas qu'on les considères, lestés sur le sol, celle là, qui voulait se sentir grandit par rapport à tout ce microcosme grouillant, si "puissante". Paradoxalement, tu n'étais qu'un rien au milieu des grandes gens. Inconsciemment, c'est toi qui attendit ce jour où, le sang gorgeant le sol, tu lèverais obligatoirement les yeux vers les réels ténèbres, car, dans la peinture de guerre réfléchissante ; il n'y avait comme ennui qu'à te regarder, toi.
Toi tu as livré des batailles pour ramener des moutons dans la bergerie, pour recoudre des chaussettes alors que tu marche pourtant pieds-nus dehors, et que t'a tant marché, que tes plantes deviennent directement des semelles. Mais lorsque tu as alors trouvé chaussures à ton pied, que tu t'y est habitué bien confortablement et que tu crois la perdre, là est le malaise. Tu n'as pas le cul entre deux chaises, tu as le pied-nue dans le sang. Ton reflex une fois que tu l'as essuyé dans l'herbe ? Revenir patauger dedans. Et bien oui, mais tu n'es pas la seule. On est pas les seuls dans ce cas.

En arrivant, la puce avait observé son reflet distordu dans le mire de la vérité, le sang. Leur sang à tous bouillonnait, et les faisaient se révolter. Si Violette avait eu la certitude de pouvoir se détacher impunément des chaînes qui la rentait dans la caverne, pour entrevoir le soleil, en s'y approchant, ce n'était pas ses ailes qui avaient brûlé, c'était son corps qui avait chuté. Violette n'avait pas d'ailes. Pourtant, pour Eadwacer, elle aurait bien pu être son ange gardien, si seulement elle était resté dans la forteresse. Mais non. Elle n'était pas un ange, à la limite, pour les haakis, ils étaient du poulet à griller, et à piquer à une fourche. Mais la réciproque était vrai. Cela ne pouvait se résumer par du "Ange vs Démon". Cela se résumait par de l'homme contre de l'homme dans toute sa singularité. Du sorceleur contre de l'envahisseur. Envahisseur qui, ayant arraché une jambe, et ayant arraché même sa chaussure à son pied, Ead, ne pouvaient être que démons.
S'en était fini de s'ennuyer sur son sort. Elle l'avait dit, elle l'avait avoué. La fleur avait avoué n'être plus une jeune pousse, et les aveux n'avaient eu nul besoin d'enquêtes quant à leur véracité. Certes, elle avait les même yeux qu'étant gamine, et certes, elle n'avait pas 20 ans ; mais tous avaient leur même yeux que petiots. Et tous s'étaient fait à l'évolution du monde extérieur, car tous avaient réussi par d'autres moyen à sortir de cette caverne, à vouloir se confronter à l'inconfort plus urgent encore que l'humidité de la caverne.

Regardez donc : qu'est-ce que le sang réfléchissait encore ? Une forteresse. Ils avaient troqué leur cloaques pour la Forteresse, en supportant innombrables usures sans se briser. Mais pour défendre leur chez eux, leur nouvelle identité en tant que sorceleurs, ils allaient encore devoir se rompre à la tâche qui leur incombait, ils allaient sans doute mourir.. tu allais sans doute mourir. Violette, tu étais une enfant comme les autres, va-nu pied à la majorité, et tu es une sorceleuse désormais. Mais c'est bien ça qui fait ta spécificité, derrière ces appels, il y a beaucoup plus. Qui peut se plaindre d'avoir fait quelque chose de sa vie ? De s'être battue contre soi même, contre un ours, aussi émincé que leur expérience soit-il ? L'Homme bien sûr. Mais ils étaient bien plus que ça aujourd'hui, ils étaient le gardien de leur forteresse, de durs et braves sorceleurs, qui pourtant avaient des airs de communauté, de famille. Un instant, la violence de ses yeux pourpres tombèrent sur ses pairs. Un instant, elle cru apercevoir Eadwacer. Et "Sans rancune mon amour", se dira-t-elle. Aux dés, sans trucage, sans grotte, avec leur vision éthérée, éclairée par une magie qui n'était plus illusion ; les sorceleurs, sorceleuse, présentement, allaient jouer leur vie. TU allais sans doute mourir mais TU avais échappé à la mort déjà des herbes. C'était pour mieux TE refaire tuer un jour ou l'autre. C'était arrivé. Il n'y avait ni espoir ni désespoir de cause. C'était comme ça. La guerre forge une jeunesse, tout comme les batailles précédées.. et plus tard.

Ses yeux se gorgeaient du sang commun qui pulsait dans ses veines d'animal. D'une part de sa ceinture, des bombes : Ruche, Vent du Nord. De  l'autre ses armes : l'épée de sorceleur, étincelante à l'eau, son kanife de bois, si il pouvait temporiser, et Accord perçant. Il venait tout juste d'être baptisé, arme d'une union jamais oublié - qui toujours vous serra rabâché si vous tous survivez : Violette et Eadwacer. Elle avait un emplacement pour mettre une potion, l'autre pour le déverser. Le poison serait sa haine, une haine de vraie guerrière mais pas aveuglante. Une seule âme pouvait la déléguer de ces termes. Allez savoir qui.. Bien sûr, il y avait la potion de la seconde chance, celle qui pourrait lui donner des ailes et s'assurer de son salut final, dans la mort ou dans la vie : la potion hirondelle bien sûr. Le poignet souple, mais la main dur, elle pourfendra les ennemis. Si naguère elle pu oublier l'effroyable puissance des signes, elle ne s'en gardera pas si nécessaire. Ce dont elle se gardera sera la pargure de ses ennemis, à mouvements de parades, et à Quen. Avec Ead, elle savait manier les armes à deux mains, il le lui avait appris, elle ne pouvait que lui rendre grâce. - Lui rendre grâce avant de mourir dans une apparence pitoyable sans doute. Mais son esprit était du roc, comme celui qui avait déboulé dans sa vie et amenée à cette vie de combat. Tout comme ses compagnons, elle tâchera de ne pas être au cœur de la mêlée. Néanmoins, si ceux là avaient besoin de soutient, où si, rétablissons les choses, avait besoin d'aide, d'union par l'effort de guerre ; elle ne se gênera que si à cet instant de retrait elle pouvait gêner le dit compagnon. Toute sa concentration sera sur l'ennemi, mais pourtant, elle devra bien considérer les autres Haakis et les gélèriens à ses côtés si elle ne voulait pas mourir comme une sotte. Il y avait le Luxis Aenn aussi, pour que son sort soit le plus favorable possible, temporiser. Ce serait peut être plus sage qu'un fumigenus, plus simple à l'usage. Mais ces deux sorts du cursus standard pouvaient bien servir. Violette n'hésitera pas à planter sa lame si la situation se prêtait, au lieu de juste blesser par l'amplitude. Celle-ci néanmoins, pouvait permettre de la distanciation, et le plantage un rapprochement, et donc un danger supplémentaire. Mais était-elle à se degré là ? Son but, comme tout les autres, étaient d'éradiquer la vermine, il fallait donc rester un maximum de temps vivante, il ne fallait donc pas hésiter à reculer. Ce ne serait pas par tête pensante, mais car les réflexes de survies sont efficient. C'ETAIT DANS LEUR GENES. Elle allait montrer à quel point elle était la complexité d'une sorceleuse, d'un monstre, d'une mutante, d'une sorcière, d'un Homme et d'une femme et pas seulement une princesse ou une perle à cacher dans une grotte, un château, ou une forteresse.

Ils étaient des sorceleurs, la vie, pour des camarades, n'avaient pas été prise. La sienne non plus. A la grâce de qui ? Eadwacer ? Dans ce moment d'impuissance et de terreur, Violette sentit qu'elle souriait, même si son visage ne voulait pas l'exprimer. Les armes en main, sa nouvelle épée était encore propre sur elle, alors qu'elle était bien repeinte du sang de son bourreau, tué par l'héroïque Eadwacer. Puis, outre son coeur en soubresaut constant à cause de la mort qui avait pendu à sa gorge, son médaillon tambourina contre sa poitrine et la somma de regarder le ciel. Dans cette accalmie, elle pouvait le voir, ou plutôt, quelque chose qui était plus spectaculaire encore que de pouvoir relever la tête un instant : le fait de voir un navire volant. Cependant, il ne fallait pas trop relâcher ses muscles, se relever dans l'instant, prête à la réaction s'il les canardait. Dommage, elle n'avait pas ses carreaux et son arbalète déjà lourdement chargée pour si peu d'utilité. Elle était alerte, la soif de sang ne semblait avant pas bien grande. Mais en frôlant la mort, on veut le pardon de tout un peuple.

Le pavillon du Nilfgaard volait dans le ciel, véritable symbole d'espoir. Il sentit une douce chaleur envahir son corps alors qu'il contemplait le débarquement Nilfgardien. Une armée et sombre et dorée venue des cieux se matérialisera sur le sol, avec à sa tête l'archange et Evangeliste Sigmund. C'était donc ça d'avoir réellement la foie ? Il pouvait voir la terreur sur le visage des Haakis qui allaient invariablement finir châtiés par la divine justice de l'empereur. Poddrick fermera brièvement les yeux avant de s'avancer, un sourire aux lèvres. Il sera se montrer digne du salut qui lui avait été offert. Il lèvera son épée en signe de défit à l'armée Haakis avant de hurler et saluant par la même le grand soleil qui leur avait fait grâce de sa bénédiction :

- Mort aux Haakis !

Il n'ira pas jusqu'à souhaiter la gloire au Nilfgaard, bien que les mots l'eussent effleuré les lèvres. Un regard carnassier se dessinera alors sur son visage alors que son arme à la main il avancera de quelques pas, attendant de pied ferme les Haakis qui oseront le défier, son corps toujours soutenu par la potion loup garoux et de tonnerre qu'il avait absorbé. Il engagera alors au combat n'importe quel Haakis qui aura la témérité de s'approcher de lui ou d'agresser un des ses camarades situés non loin. Ses coups bien loin d’être aussi frénétiques que quelques secondes auparavant se feront plus calme et réfléchi, mais ils ne resteront pas moins sévères et dévastateurs, brutaux et efficaces. La marque de fabrique de Poddrick qui ne s’était jamais encombré de la moindre subtilité quand il s’agissait de combattre. Il n’hésitera pas non plus à jouer de son ard, fendant la foule de guerrier quand celle-ci se faisait trop oppressante pour s’offrir quelques secondes de répits et profiter d’une ouverture facile.

Restait à déterminer si le jeune homme brillait autant dans l'espoir que dans le désespoir.