Kaedwen - Berrigh - Jour 11

La suite de l’expédition s'avéra bien moins riche en sensations fortes, que les premiers jours. Les journées étaient essentiellement rythmées par de longues marches, l'installation du campement et, enfin, un repos bien mérité. Il faut toutefois noter que la relation entre Alaric et Salazar s’améliorait de jour en jour, et que l'enfant commençait à s'ouvrir à l'adulte, en même temps que la confiance de l'adulte envers l'enfant grandissait. Le garçon était même plutôt loquace quant à sa vie à Kaer et les aventures qu'il avait pu y vivre, bien que, par moment, il se refermait en prenant un air grave et pensif. Peut-être était-ce pour l'occuper, et lui changer les idées, mais Alaric lui confiait de plus en plus de responsabilités. Il prenait désormais son tour de garde comme un adulte, et s'occupait de Stilicon comme un vrai écuyer. L'animal s'était d'ailleurs entiché de Salazar et venait constamment rechercher des caresses auprès de lui. Alaric lui avait aussi enseigné à fabriquer des collets et à les placers aux endroits les plus opportuns.

C'est dans cette ambiance chaleureuse, que le maître et l’élève arrivèrent à proximité d'une petite bourgade, presque un hameau. A l'entrée, un panneau bancal indiquait « Berrigh ». La nuit commençait à tomber, et quelques étoiles étaient déjà visible dans le ciel. C'était l'occasion, pour les deux voyageurs, de dormir au chaud et de manger autre chose que du gibier ou du fromage. Ils n'allaient pas rater cette occasion, d'autant plus qu'ils n'avaient plus goûté à ce confort depuis le début de leur aventure. En effet, ils avaient traversé Ard Carraigh, la capitale du Kaedwen, il y a de ça cinq jours, mais Alaric préférait ne pas s'attarder plus que nécessaire dans la cité.

Berrigh était plus proche d'une grosse ferme, que d'un village, mais au grand étonnement d'Alaric, elle disposait d'une auberge, petite, simple, mais accueillante. L'établissement n'avait pas d'enseigne, mais elle n'en avait nul besoin, le doux fumet, et les rires qui s'en échappaient, étaient la meilleure des publicités.

Le manchot descendit de cheval, confia les rennes de sa monture à Salazar, et lui dit :

- Je suis Kleyt, un marchand d'épices, nous nous rendons à Dattweir pour prospecter de nouveaux clients, nous passerons la nuit ici et nous repartirons au petit matin, trouve toi un rôle adéquat, et tiens toi à ton personnage.

Sans attendre de réponse, il entra dans l'auberge, laissant à son compagnon le soin de s'occuper de Stilicon.

Salazar opine, il s'occupe du cheval et fait le nécessaire (l'attache lui donne a manger etc) puis il viendra suivre Alaric dans l'intérieur de l'auberge, un nom déjà en tête ainsi qu'une identité.

Salazar poussa alors les portes de l'auberge et fut accueilli par la douce chaleur produite par le fourneau, nous étions certes en été, mais les nuits étaient fraiches. Cette tiédeur était donc la bienvenue.

L'établissement n'avait visuellement rien de remarquable, c'était une auberge comme les autres, mais il y régnait une ambiance à la fois jovial et familiale. A proximité de l'entrée, un premier groupe d'hommes alcoolisés, sans doute des paysans, riait aux éclats et il était évident qu'ils se moquaient de l'un d'entre eux, un petit courtaud moustachu. A l'opposé du premier groupe, une dizaine d'enfants étaient réunis, assis en tailleur sur le sol, autour d'un vieil homme, lui même affalé sur un fauteuil en cuir. Les marmots semblaient complètement hypnotisés par l'histoire que leur racontait le doyen. Alaric, accoudé au comptoir, s'était quant à lui lancé dans une conversation animée avec le tenancier, un blondinet au visage rougeaud.

Salazar intrigué particulièrement par cette histoire viendra prendre place avec les autres enfants pour entendre le récit du vieil homme, il s'assoie en tailleur et rive son attention sur celui-ci.

-...et c'est ainsi que Raoul la goule épousa la reine et devint le roi de Skellige !

Les bambins s'esclaffèrent tous à l'unisson après cette chute inattendue, alors que Salazar prenait place à côté des autres enfants.

-Oh une nouvelle brebis, tu arrives au bon moment. La prochaine histoire est ma préférée,  elle parle d'un grand héros de jadis, l'interpella le conteur. Comment t'appelles-tu mon grand ?

Après une petite seconde d'hésitation le garçon répondra aussi convaincant qu'il le pourrait, en fait le mensonge lui viens naturellement.

-Je me nomme Victarion j'ai douze ans. Il enchaîne directement, intrigué. C'est qui le grand héros de Jadis ?

Le vieux conteur hocha la tête, en guise de salutation :

« L'histoire que je vais maintenant vous narrer, est celle du guerrier Mérovée. Il y a de cela plus de dix générations d'hommes, notre monde n'était que chaos, les monstres, bien plus redoutables qu'aujourd'hui, grouillaient, et la domination des hommes était encore loin d'être établie. Les dragons étaient, sans conteste, le plus grand danger pesant sur l’espèce humaine, qui se trouvait bien démunie face aux crocs, aux griffes et aux torrents de flammes des reptiles volants. Un clan, pourtant, s'opposait avec courage aux créatures ailées. Ce clan, c'était celui de Mérovée. »

Alaric avait emprunté une chaise, et l'avait positionné à côté de Salazar, avant de s'y asseoir.

« La guerre fut longue, sanglante, et dramatique pour les deux camps. Si bien que la famille de Mérovée fût presque complètement éradiquée, et que les dragons, qui commençaient eux aussi à péricliter, ne représentaient plus qu'une menace parmi d'autres pour les hommes. .Il était temps de faire la paix. En gage de bonne volonté, les dragons confièrent un de leurs œufs à Mérovée, liant ainsi les deux anciens adversaires. La coquille de l'œuf était plus brillante que les étoiles, plus résistante que le plus solide des diamants, c'était une véritable merveille. Pendant des années, l’œuf semblait destiné à rester figé avant qu'en sorte Merwede la Verte, la plus féroce des dragonnes. Au premier regard, l'homme et la dragonne surent qu'ils ne feraient plus qu'un, qu'ils étaient destinés. »

-Sauf que Merwede la « Verte » tirait plutôt vers le rouge, murmura, sarcastiquement, Alaric.

L'ancien ne semblait pas avoir entendu la remarque et continua son récit.

"Leur soif de combat, et leur désir de protéger les espèces douées d'intelligence, les entraînèrent dans moult combats contre les créatures de la nuit et, grâce au souffle de la dragonne et à la hache de Mérovée, certains des monstres les plus dangereux du continent furent rayés de la carte. "

Cette fois, le manchot ne put garder son calme :

-Une hache ? Et pourquoi pas une fourche ? Mérovée maniait le glaive et rien d'autre !

Avant que le conteur ne puisse répondre à cette provocation, les enfants de l'assemblée se retournèrent tous vers le trouble-fête :

-Chuuuuuuuuut !!!! Firent-ils tous en cœur.

-Très bien...euh reprenons, dit le vieil homme, perturbé par l'interruption d'Alaric.

« Mais vint un jour ou, tout-puissant qu'il était, Mérovée perdit la vie dans une embuscade. Merwede, dans un accès de folie, déversa son feu draconique avec une telle rage, qu'elle carbonisa toute vie sur une immense superficie, créant ainsi le désert de Korath.  Puis elle s'envola pour ne plus jamais revenir. L'histoire n'est pas encore tout à fait terminée, en effet il se murmure qu'Alzur, lui-même, fasciné par ce guerrier de légende, tueur de monstres et défenseur de l’humanité, s'en serait inspiré pour créer ses mutants. Mérovée serait, dès lors, le premier sorceleur ! »

L'enfant écoute avec attention l'histoire de l'ancien, il s'amuse d'ailleurs des quelques interventions de Alaric et hésite a demander aux adultes pourquoi chacun d'entre eux possède une version différente, mais cela serait plutôt offensant et une potentielle source de conflit, donc il évite. Le garçon toujours en proie aux doutes concernant sont avenir  après quelques secondes d'hésitation demande  une autre histoire, une histoire bien spécifique si elle existe.

-Existe t'il un sorceleur exclus ou qui a jadis fuit l'ordre mais a tout de même réussi a s'en sortir ? Si oui possède t'il une légende  ? Je suis curieux honorable ancien.  Il notera bien évidement dans un coin de sa tête cette information sur l'origine de son "espèce" mais il garde cela pour plus tard, pour le moment ce n'es guère utile.

Il n'y avait vraisemblablement pas de servante. L'homme s'avança vers le tenancier tandis qu'Alaric venait de s'en éloigner pour s'approcher du conteur.

- Une chambre, et votre meilleure potée.

Sa voix était grave, intimidante, mais le ton était suffisamment amène pour ne pas effrayer le blondinet. Cependant ses yeux jaunes et ses pupilles en fente...

Son regard se dévie du gérant sans qu'il ne tourne pour autant la tête. Certains mots avaient attiré son attention. Le mystérieux personnage affiche une mine concentrée, ses sourcils sont légèrement froncés.

Il écoute ce qu'il se passe au niveau du groupe d'enfants en attendant la réponse du tenancier.

L'aubergiste s'apprêtait à exiger, du nouveau client, qu'il retire sa capuche, puis il vit ses yeux, cela lui suffit. Il valut mieux ne pas voir le reste.

-Bonsoir, on sert d'la potée qu'en hiver. J'ai du ragoût sur le feu si l'envie vous en dit. Ma femme va vous préparer une chambre, une petite bière pour vous faire patienter ?

Pendant ce temps, le doyen venait de terminer son récit, et Salazar le submergea rapidement de questions.

-Je vois que les sorceleurs t'intriguent, malheureusement c'est un ordre assez secret et il est difficile, pour nous, d'obtenir assez d'informations pertinentes pour en faire des histoires, répondit-il à Salazar. Mais ne désespère pas petit, il se pourrait bien que tu rencontres l'un d'entre eux, un de ces quatre. Paraît même que toute une escouade serait passée dans le coin, y a de ça quelques jours.

Amusé par la situation, le garçon finira par finalement prendre un certains risque, il voulait savoir si la réputation de certains de ses camarades, enfin anciens camarades traversa les contrées de Seig Lyn. Un sourire coquin sur les lèvres le brun-noir apparait alors qu'il propose la chose suivante

-Si vous voulez je pourrais vous raconter des histoires sur des sorceleurs moi. Mon père fut barde naguère, et nous avons inventer toute une fiction sur certains personnages apprentis sorceleurs. Voulez vous que je vous narre l'histoire de la chasse au trésor des fées ?

Pour tout dire il hésita un bref instant a faire le récit de son aventure dans l'arène, mais bon. Trop dangereux, maudit anneau. Pendant un instant Salazar oubliera le traumatisme de ses dernières mésaventures, il s'amuse juste insouciant tel un jeune garçon de son âge.

Irrité par les approximations du conteur, Alaric ira s'installer seul à une table. L'aubergiste ne tarda pas à déposer devant lui, une assiette de ragoût bien chargée, une miche de pain, sans oublier de remplir sa chope d'une nouvelle tournée de bière.

-Oh ton père était donc barde ? Ces artistes sont habituellement plus loquace que ça, mais ma foi, il faut de tout pour faire un monde. Pour ma part, j'en ai terminé pour ce soir, l'appel du ventre se fait ressentir et le patron m'a promis un repas bien chaud en échange de mes histoires. Mais je suis certain que tes camarades seraient ravis de t'écouter.

Il quitta alors son fauteuil, laissant la place libre pour un nouveau narrateur.

Salazar prend donc place pour épater l'imagination et les rêveries de ses cadets avec quelques récits de ses propres aventures, car bien que il ne soit pas encore un homme fait le gamin a déjà une petite épopée derrière lui.

-Voulez vous que je raconte la fois ou deux enfants ayant a peine rejoins l'école des sorceleurs sauvèrent la vie du meilleure apprenti de l'école durant leur tout premier contrat ?

Propose t'il un sourire plein de malice aux lèvres et les mains jointes devant lui tandis qu'il prend une position de confort.

-Ouiiiii !!!! s'exclamèrent les garçons.

Alors que les fillettes huèrent Salazar :

-On veut Geralttttt !!!!

-On s'en branle de Geralt.

Répond Salazar sèchement, non mais sans blague ! A chaque fois que on parle de sorceleur c'est lui qui reviens sur la table, faut se calmer un peu la, bref Salazar commence donc son histoire

-Jadis, un vilain demi-nain grinchons et laid qui sera connu sous le nom de Poddrick amoureux des pierres après cette aventure,  emmena deux néophytes dans le but d'effectuer leur premier contrat.  L'un des néophytes ce nomme Salazar, très beau, très fort et surtout le plus malin de sa promotion. L'autre c'est un garçon tout a fait banal.  Salazar et son joyeux jeunes compagnon que nous appellerons Magnus  étaient a la recherche de leur tout premier contrat, alors que les deux bambins trouvèrent une prime  pour la mort d'un groupe de dangereux crevechins sur le panneau d'affichage , notre vilain nain les rejoins. Il dira alors en ces  termes "Moi Popodd , moi grand guerrier mais petit esprit, moi avoir besoin de génie comme Salazar pour pister les crevechins" Ainsi Salazar débute son histoire, très légèrement romancer, espérant que cela plairait aux plus petits.

Les gamins, mal à l'aise, se moquèrent grossièrement de Salazar avant de s'enfuir et de quitter l'auberge.

Salazar vexé enverra quelques injures envers les bambins puis ira au comptoir demander une bière.

L'aubergiste lui donnera de la bière dans un gobelet, aux frais d'Alaric bien sûr.

Salazar va donc boire la bière a la table de Alaric, il en profite pour sortir son poignard Haaki qu'il dépose sur la table, et il dira l'air consterné.

-Ils ont des épées a lame courbe, oui, A LAME COURBE ! Puis il demande directement après Vous savez pourquoi ?

-Mange et écoute moi en silence, abruti. Il est enfin temps pour toi  de connaître l'objet de notre mission. Je vais être concis et je ne me répèterais pas. Il se retourna, afin d'être sur que personne ne puisse l'entendre, avant de reprendre.  Depuis plusieurs mois, d'étranges disparitions se produisent dans la région. A chaque fois des sorceleurs se sont rendus sur place, à chaque fois ils ont optés pour des attaques de monstres. Mais y a un truc qui cloche, y a jamais eu de corps. Je suis allé en personne sur les lieux des disparitions, certes il y avait des traces, de sabots, de bottes, mais jamais de monstres. Ton avis sur la question ?

-C'est des hommes. Pas des monstres, cela me semble évident non ?

Il répond en haussant les épaules tandis que il mange sa viande, laissant le goût amer de la bière disparaitre avec celui de la chaire, c'était vraiment pas bon, il ne comprend pas l'amour des adultes pour ceci.

-Je pense à l'esclavage, un trafic clandestin. Cela expliquerai le manque de corps et le reste.