Kaedwen - Quatrième nuit

Les deux voyageurs se déplacèrent aussi rapidement qu'ils le purent avec une seule monture. Stilicon était, certes, une brave bête, mais le cheval n'était plus de première jeunesse et il n'avait plus la force de porter une lourde charge sur une longue distance. En conséquence quand l'un des deux compagnons montait Stilicon, l'autre se retrouvait à marcher à côté, ils alternaient ainsi le temps de marche et de monte jusqu'à faire près de 60 km par jour.

Une certaine routine s'était installée entre le maître et l’élève. Quand la nuit commençait à tomber, Alaric cherchait un lieu pour installer le campement et il s'occupait de Stilicon ainsi que d'allumer un feu de camp, quant à Salazar il était chargé de faire de ratisser la zone pour vérifier que les alentours étaient sans danger, bien sûr cette tâche lui était facilitée par ses sens de mutants.

Le soir de la quatrième journée de vadrouille, la pleine lune faisait son apparition alors qu'ils n’avaient pas encore rencontré un endroit propice au repos. Ils s'enfoncèrent donc dans l'épaisse forêt jusqu'à apercevoir une des larges collines. ils ne tardèrent pas à remarquer un renfoncement dans l'une d'elles. Une grotte ! C'était une grotte !

-Une grotte.

Dira Salazar comme si cela n'était paq évident et qu'il fallait annoncer la chose. Une habitude prise sur ses aînés sans aucun doute, le jeune garçon genoux à terre et main contre le sol tente d'entendre ou de ressentir quelconque présence dans les environs dans un premier lieu et puis dans la grotte elle même.  Calme et silencieux il se focalise sur la tâche laissant ses sens faire ce qu'ils doivent  faire.

Le jeune sorceleur se concentra de toutes ses forces pour écouter et analyser les bruits environnants.

Les résultats ne furent pas à la hauteur de ses espérances, il ne parviendra qu'à entendre un son, inhabituel, provenant de la grotte. C'était un bruit régulier  "TOC...TOC...TOC...TOC...TOC".

Surpris dans un premier temps et confus dans un second le jeune garçon qui n'es pas parmis les élèves les plus attentifs est incapable de dire de quoi il s'agit même si il s'agirait bien d'une caractéristique de monstre ou créature.

-Un homme ou une chose frappe régulièrement contre le sol ou l'une des parois.

Indique t'il au manchot.

-Bah c'est peut-être juste un écureuil à la con. Je vais voir.

Il avance devant la grotte calmement , au pas de loup et il essaye d'entendre la source exact du bruit.

Il ne pourra entendre que le même "TOC...TOC...TOC" et la grotte est bien trop sombre pour y voir quelque chose.

Salazar marche à l'intérieur et une fois bien dedans il rampe au sol pour éviter de faire du bruit et surtout bien se repérer, ses sens écoutant toujours le "toc"

Salazar rampe discrètement sur le sol rocheux, pendant de longues minutes, à la recherche de l'origine de l'étrange bruit.

Soudainement, il reçoit une attaque dans le cou "TOC...TOC...TOC" et un flash de lumière lui brûle la rétine. Retrouvant la vue après quelques secondes, il aperçoit Alaric, hilare, une torche à la main. En levant les yeux au ciel, il voit les gouttes d'eau lui tomber sur le front "TOC...TOC...TOC".

Une grimace et un long soufflement de nez viendront en seul réponse tandis que il se lève et laisse Alaric prendre l'initiative.

Sans un mot pour l'infortuné, Alaric commença à faire le tour de la grotte. Des concrétions gigantesques, et quasi-transparentes, s'étaient formées ci et là de la caverne. Le plafond était d'une beauté saisissante, car des centaines de stalactites, de différentes tailles, y avaient élu domicile. Au sol, l'érosion avec façonné un petit bassin dans lequel une l'eau d'une pureté incomparable y coulait.

Fasciné, l'homme n'en oublia pas pour autant ses responsabilités, Stilicon avait faim et soif.

Il opine et s'en ira devant la grotte pour vérifier que rien de suspect ou de potentiels dangereux rôde aux alentours. Il marque un arrêt à environs 15 pas de la grotte et écoute attentivement laissant son ouïe faire recherche tandis que ses yeux sont bien clos.

À l'extérieur de la caverne, la pleine lune éclairait joliment le paysage, composé de collines, de valons et de forêts. Une épaisse brume commençait à se lever et une aura de mystère planait dans l'air.

Travaillant encore sur sa capacité d'écoute, comme depuis plusieurs jours, Salazar pourra entendre des petits bruits de pas passer non loin de là.

L'intrépide garçon suivra donc les bruits de pas. Se frayant un chemin à travers la végétation, il ne tardera pas à rejoindre un sentier sinueux. Les bruits semblent proches mais le brouillard est si épais que Salazar ne voit pas à 10 mètres devant lui.

Que fait-il ?

Soudain les bruits de pas cessèrent. La personne, ou la chose, que suivait Salazar s'était arrêtée. L'avait-elle repéré ou était-ce une simple coïncidence?

C'est alors que la purée de pois se dispersa faiblement et qu'une étrange silhouette se dessina peu à peu dans la brume. C'était une fillette, une fillette qui semblait à peine plus jeune que Salazar. D'une pâleur inquiétante, vêtue d'une longue robe blanche et coiffée d'une tresse blonde, elle tenait en longe une chèvre bien grasse. C'était une vision venue d'un autre monde.

Elle regarda fixement dans la direction du sorceleur en herbe, sans pour autant manifester la moindre trace d'inquiétude. Après quelques secondes, elle se retourna et reprit sa marche.

La petite fille ignora les mots de Salazar.

Alors que Salazar avait encore perdu de vue la chevrière, le sol se mit à trembler sous ses pieds "BOUM BOUM BOUM", des bêlements terrorisés transpercent la brume, suivis de sanglots étouffés. Que pouvait-il donc bien se passer ?

Salazar s'avancera donc à ses risques et périls, ses pas étaient rythmés par d'horribles craquements. En baissant les yeux, il verrait des centaines d'ossements éparpillés au sol, sans qu'il puisse déterminer s'ils étaient de nature humaine ou animale.

A une dizaine de mètres de lui se trouvait le monstre à l'origine de ce carnage. C'était une hideuse créature humanoïde d'environ 2m pour 150kg, un visage difforme, une musculature surhumaine, il était complétement nue mais, bien heureusement, son énorme barbe cachait sa virilité. Le cauchemar sur pattes maniait, de sa main droite, une gigantesque massue, qu'il utilisait pour pulvériser tout ce qui lui passait sous la main, déracinant les arbres et lacérant le sol. Dans sa main gauche, il tenait la chèvre par les cornes et s'amusait à la faire tourner dans tous les sens, la faisant bêler à la mort.

A ses pieds se tenait une petite fille blonde, terrorisée, tétanisée par la situation.

-Ourhhhhggggggaaaaaaaaaaaaa !!!!! hurla de joie la créature.

Le monstre avait accepté Salazar comme partenaire de jeu, c'est donc tout logiquement qu'il lui lança le ruminant de 70kg en pleine figure.

Grace à un magnifique plongeon de Salazar, ainsi qu'à la précision médiocre du monstre, le garçon parviendra à éviter habilement la chèvre. Cette dernière s'écrasera d'ailleurs contre un arbre et trépassera dans un dernier bêlement.

Le colosse observera ensuite Salazar, attendant manifestement sa réaction.