Kaedwen - Quatrième nuit

La créature sembla apprécier le spectacle et resta calme tout le long de la prestation de Salazar. Malheureusement pour ce dernier,  si l'endroit tenait lieu de salle à manger, il tenait aussi lieu de latrines. En pleine acrobatie, la main du garçon glissa sur des déjections, et l'enfant s'étala lourdement sur le sol.

La colère du mastodonte reprit aussitôt. C'était maintenant une pluie d'ossements qui tombait sur Salazar. Cependant, les singeries du garçon avaient au moins eu pour mérite de calmer les terreurs de la fillette, qui le regardait désormais avec beaucoup d'intérêt.

Essayant de se couvrir le visage, devant le déferlement, une idée vient soudain au garçon pour couvrir l'attention du monstre tout en se préservant des os. Le garçon commence à incanter des Quen les uns après les autres, espérant amuser ou au moins intéresser l'humanoïde avec son tour de magie.

Salazar para aisément les assauts ennemis, grâce à un Quen relativement bien réussi.  

Par malchance, un tibia, suffisamment rongé pour être tranchant, rebondit sur le bouclier magique et fusa en direction de la fillette. Alors que la pauvre enfant allait se faire harponner, le titan écrasa l'os de sa puissante massue. Le pire était évité pour la petite fille, mais il était encore à venir pour l'apprenti sorceleur...

-ARHHRHRHRHHRHRHHRRHHRHRHRHRHRH, rugit-il à pleins poumons.

Le monstre était fou de rage, levant son arme cyclopéenne, il chargea Salazar avec la ferme attention d'en finir.

En voyant le géant se ruer plein de haine vers lui le jeune sorceleur comprend qu'il n'a pas beaucoup le choix, usant du conséquent avantage d'agilité que lui offrent ses bottes il tente de bondir sur le flanc du monstre avant de déchaîner le pouvoir des 5 âmes sur le visage de celui-ci dans la manifestation d'une boule de feu.

L'hérisson de Kaer parviendra, habilement, à éviter la charge du monstre, en bondissant sur ses flancs. La surprise immobilisa le goliath, permettant à Salazar de libérer toute la puissance de son anneau de feu.

L'artefact magique n'était pas aussi puissant que pouvait le penser le garçon, toutefois une boule de feu d'une belle taille fut projetée vers le géant et enflamma son immense barbe. Sa pilosité recouvrant sa nudité, la créature se retrouva rapidement nue comme un ver. Hélas, la nature ne l'avait pas gâté et il n'eut aucun mal à cacher ses attributs, à l'aide de sa main gauche.

Humilié, couvert de honte, sans que l'on sache si l'objet de son déshonneur était la perte de sa barbe, ou la vision d'horreur qu'elle provoqua, le désormais imberbe préféra prendre la poudre d'escampette et il s'enfuira, à grandes enjambées, en s'enfonçant dans les marais.

Victoire ? Coup de chance inespéré du destin ? Qu'importe, le Monstre est en déroute et il ne semble pas prêt de revenir au vu de l'attitude de ce débile, sans doute désormais intimidé par Salazar, même si soyons clairs le garçon n'aurais pas pu faire grand chose si le combat n'avais pas cessé après son coup de maître. Le garçon essuiera la sueur sur son visage d'un revers de main , conscient qu'une fois de plus il échappe aux griffes de la mort. Il se retourne ensuite vers la fille, sans un mot.

La petite fille semblait être encore bien plus terrifiée qu'avant l'intervention de Salazar, assise sur ses genoux, elle se balançait d'avant en arrière en marmonnant, le regard vide  :

-Non, non, non...que va dire papa, que vont dire les autres, c'est de ma faute, non, non...pitié qu'Alzur nous vienne en aide !

-Quoi ?!

Demande Salazar le ton brusque, le petit est clairement en stress et puis la panique de la fille ne l'aide pas, bref il se reprend et attrape cette dernière par la main, assez brusquement mais sans y mettre de force.

-Il faut partir, l'autre débile ne nous dérangera plus mais seuls les dieux savent ce que nous réserve ce lieu lugubre.

-AHHHHH, pitié ne me tuez pas démon ! je ferai tout ce que vous voulez, mais laissez-moi rentrer chez moi, je vous en prie. Vous pouvez garder la chèvre, je ne dirai rien aux autres, supplia l'enfant qui pleurait maintenant à chaudes larmes.

Salazar la regarde avec des gros yeux ayant décidément du mal a comprendre la situation, le garçon se gratte la tête tandis que il regarde a droite et gauche ainsi que derrière lui. Remarque t'il une chose sortant de l'ordinaire ? De suspecte ?

-C'est qui les autres ? Et puis je suis pas un démon ! J'ai l'air d'un démon ? Je suis un gamin comme toi !

-Menteur !, osa l'enfant, tu as été méchant avec Bobo et maintenant tous les autres démons vont revenir nous faire du mal.

Salazar ne remarquera rien d'autre que le cadavre de la chèvre, des ossements, et une petite fille épouvantée.

-C'est qui Bobo ? C'est l'espèce de monstre ignoble que je viens de faire fuir ? T'avais pourtant pas l'air si copine avec ce bobo il y a même pas cinq minutes ! Moi je risque ma vie pour sauver madame et c'est moi le méchant ? Il rajoute d'ailleurs la moutarde lui montant au nez .De plus ton bobo c'est pas un démon ! J'ai déjà vu des entités et c'est pas débiles comme Bobo !

-Bien sur que non que Bobo c'est pas un démon, crétin ! Bobo c'est notre ami, c'est qui lui qui nous protège contre les démons ! s'échauffa la fillette.

-Déjà, les démons c'est très rare donc je vois pas pourquoi des démons s'intéressent a une pauvre idiote perdue dans les bois. Réplique Salazar, ses mots dépassant ses pensées, mais elle l'énerve il faut dire, cette ingrate ! Cela l'apprendra a vouloir faire le preux chevalier.  Ensuite ton Bobo il a voulu me mettre en pièces ! Et puis pourquoi tu pleure si c'est ton ami ?  Ton histoire ne fait aucun sens !

-Je pleurais parce que c'est moi qui m'étais occupé de Nana depuis qu'elle était toute petite ! C'était ma chèvre et j'étais un peu triste qu'elle se fasse manger, même si papa dit que c'est un sacrifice nécessaire.

L'enfant lança un rapide regard vers Nana, en essayant de retenir ses sanglots, puis elle foudroya Salazar du regard :

-Bobo c'est un gentil, il aime frapper les choses, pas les gens, il voulait pas te faire de mal ! En plus c'est toi qui est venu jouer avec lui, s'agaça-t-elle.

Salazar observe la fille avec un air des plus confus, puis finalement il répond ,l'air septique .

-Je comprend pas grand a chose a ton histoire. Qui son tes parents ?

-Mon papa c'est Jyna et c'est le chef du village, lui répondit-elle fièrement, et maman...et maman elle est morte...

-Un village ? Quel village ? Moi et Alaric n'avons rien vu du tout..

Dira t'il en se grattant la tête, plus l'hérisson y pense plus cette histoire manque de sens, il lui faut des clarifications, il viens donc s'assoir au sol avec la fille.

-Le géa...enfin Bobo. Il y en a d'autres comme lui ? D'autres comme Bobo ? Très grands et très forts ? Il est le seul de son espèce ? Salazar ne se souviens pas avoir appris sur l'espèce de Bobo après tout, bien qu'il a déjà vu bien pire, nonobstant cela ne change pas qu'il n'es pas capable de faire grand chose seul si un autre bobo reviens maintenant que le coup de l'anneau ne marchera plus.

-C'est qui Allah Rick ? Lui aussi il peut lancer du feu ?

La jeune fille se redressa et épousseta sa robe.

-Personne peut trouver notre village, il est bien caché, oh oui très bien caché.

Un hululement fit sursauter la jeune fille, mais elle reprit rapidement son calme.

-J'ai jamais vu quelqu'un d'autre comme Bobo, de toute façon on aurait jamais assez de bétail pour plusieurs Bobo.

Salazar se lève, en soupirant, il s'assoie et elle se lève ? Une vrai peste elle ! Bref le garçon croise les bras et demande ensuite.

-Tu veux bien me mener a ton village ? En échange je t'explique tout sur "Allah Ric".

Promet t'il.

-C'est trop dangereux, qui me dit que les démons ne t'ont pas engagés pour trouver notre village ? Papa dit toujours qu'il ne faut pas faire confiance aux gens de l'extérieur, dit-elle en le dévisageant.

La fillette ne cessait de tourner la tête de tous les côtés, comme si elle craignait quelque chose, elle ne parvenait, désormais, plus à contrôler ses tremblements

-Je te donne ma parole, je mènerai aucun démon jusqu'à ton village explique l'hérisson a la jolie petite, Salazar a bien compris que toute logique et intelligence basique lui somme de prendre ses jambes à son cou et de fuir voir Alaric devant cette histoire de plus en plus étrange, mais comme dirais Poddrick Salazar est un abruti qui ne semble pas apprendre , ayant la fâcheuse habitude de littéralement nager dans la gueule du Loup.

-Bon c'est d'accord, je ne sais pas si je peux te faire confiance, mais de toute façon tu n'as pas l'air assez fort pour être un démon, lui dit-elle nerveusement, de toute évidence elle semblait pressée de quitter les lieux.

Elle tendit la main droite à Salazar et lui fit un timide sourire :

-Je m'appelle Lira, et toi ?

Pas assez fort pas assez fort j'ai quand même fait fuir un géant.. Peste Salazar dans sa barbe inexistante tandis que il ouvre grand les yeux devant le geste de la fille.. hésitant dans un premier temps il attrape la main en disant légèrement en sueur C'est seulement pour pas de te perdre hein. Précise t'il. Je me nomme Salazar, et je suis le futur plus grand guerrier du monde. Explique t'il.

Lira réprima un sourire et entraina le garçon  sur le sentier qu'il avait emprunté à l'aller.

Après quelques minutes de marche, elle lui demanda :

-Salazar,  pourquoi  tu as attaqué Bobo ?

-Excuse moi de prendre un géant capable de m'écraser comme une vulgaire souris comme une menace surtout quand tu chiale a ses pieds et que lui dandine comme un démon.

Réplique t'il baladant un regard inquiet autour de lui.

-Je t'excuse, papa dit souvent que ceux de l'extérieur sont stupides et méchants, mais je ne pense pas que tu sois méchant.

Pour le moment, les enfants empruntaient toujours le même sentier. Salazar pouvait continuer cette conversation, ou attendre qu'ils soient arrivés à destination.

Un long et ennuyé soupire s'échappa de  la bouche du jeune Salazar, si c'était  un garçon il aurait déjà reçu ses phalanges au visage, mais bon il y a que les scélérats qui frappent les dames et puis dans cette situation cela lui semble être la pire idée possible,  ignorant le commentaire de la fille Salazar demande.

-Sommes nous encore loin ? D'ailleurs quelle âge as tu ? J'ai fait mes douze ans il  y a un  deux lunes et quelques.

-10 ans, ce n'est plus très loin,  allez suis moi,  chuchota-t-elle tout en s'éloignant du sentier pour s'enfoncer  dans les bois.


*

-Bien.

Il la suivra en silence.