Le grand Sycomore sacré

En retenant un juron, c'est ainsi qu'il pénétra de l'autre côté, cette fichue porte leur avait donné du fil à retordre, trop vieille, trop peu entretenue, des années à être littéralement mangé par la rouille firent que les deux sorceleurs perdirent un peu de temps. Mais toutefois ils finirent par entrer à l'intérieur, mais à l'intérieur de quoi ? C'était une sorte de cour abandonnée où trônait en son centre un gigantesque arbre, sans doute l'arbre du tableau si il les comparait avec les détails présent sur celui-ci. Malheureusement le dit arbre n'était pas au plus haut de sa forme au contraire, seuls les morceaux de sèves ayant coagulés indiquaient qu'il était encore en vie, mais pour combien de temps exactement ? Une question à laquelle était incapable de répondre Kantz.

-"Et bien ... on ne peut pas dire qu'il soit en très bon état."

Murmura-t-il, plus pour lui que pour Meruem d'ailleurs. La malédiction était pour le moins aisée à comprendre en le pauvre tronc. Sur ses gardes quand même, il observa les alentours, pour voir si il y avait quelque chose d'autre, une seconde porte d'entrée par exemple, ou ce genre de détails.

Deux autres entrées étaient clairement indentifiables aux yeux de Kantz, une située à l'avant du château, une immense porte de chêne semblable à celle par laquelle les spectres s'étaient manifestés, et une seconde porte plus discrète, à l'opposé de la cour, taillé dans un mur de marbre blanc sur lequel était gravé dans toutes sa longueur divers iconographies semblant former une longue fresque. Y était représenté le maitre des lieux, le magnifique et radieux sycomore, sous quatre aspects différents, accompagné invariablement d'un cortège de femmes voilées accomplissant un ritte différent à chacune de ses représentations. La porte en elle même était escorté par deux statues de ces mêmes prêtresses, leurs yeux sans vies veillant sur l'arbre à l'agonie.

Les silhouettes fantomatiques des deux spectres n'échapperont par à Meruem, ces derniers semblaient totalement l'ignorer, se contentant d'observer un point à l'horizon, dans la direction par laquelle les sorceleurs étaient venus. Leur visage était figé dans un masque d'inquiétude alors que leur longue robe blanche flottait de manière hypnotiques en harmonie avec leurs crinières argentées, guidées par un vent qu'aucun d'eux n'était en mesure de percevoir.

Répondant à la présence des deux mages, l'aura de magie qui englobait Meruem et Kantz se mettra lentement en mouvement, convergeant irrésistiblement en un puissant flot se dirigeant en direction de l'arbre sacré tout, charriant les vivants qui avaient osés l'approcher. Simultanément, cette même voix à laquelle il serait bien impossible d'associer la moindre identité raisonnera en eux, tremblant d'une exultation difficilement contenue :

- Venez. Venez. Je vous attendais. Depuis... si longtemps... Mais l'heure est venue.

Meruem retient Kantz en posant une main sur son épaule.

- Que fais-tu Kantz ?

Cette fois-ci, la voix qui raisonnera dans leur crâne fut teintée d'une certaine déception :

- Qu'y a t'il, chevalier d'argent ? Me craindrais-tu ?

Puis elle se fit plus mielleuse, plus patiente alors qu'elle reprendra :

- Vous vouliez des réponses, vous, mages, sources, humains, ce que vous souhaitez par dessus tout, ce sont les réponses. Je les possède toutes. Approchez-vous et posez-les. J'y répondrais.

Terminera t'elle avant de laisser planer un profond silence, seulement perturbé par l'écho morbide du vent qui raisonnait entre les branches du vieux sycomore. Le flot de magie quand à lui semblera se stabiliser, continuant d'envelopper Meruem et Kantz de sa pression.
Du coin de l'oeil, Meruem comme Kantz pourront remarquer que les spectres se mettaient en mouvement, animés d'une vie nouvelle, ces derniers s'enfonceront à travers la terre noirâtre et stérile, se dirigeant vers le tunnel qu'ils avaient abandonnés.

Pour quelqu'un de curieux, comme l'était l'adolescent, l'esprit hanté savait exactement comment le corrompre à sa volonté: avec une promesse de réponses à ses questions, il était évidemment aisé d'acheter ainsi le petit nilfgaardien et ce n'était pas Meruem qui allait empêcher celui-ci de les obtenir. En se tournant vers son camarade il répondit presque certain.

-"Obtenir ce pour quoi nous sommes ici."

Et si il n'était pas de nouveau retenu, il reprendra sa marche en avant mais vers quoi ? A quelques centimètres de l'arbre tout au plus, là où il pensait l'âme de celui-ci encore vivante. Et à mesure qu'il étudiera l'écorce moisie de celui-ci, il posa une première question, simple de son avis mais nécessaire pour lever le voile d'obscurité parant cette entité.

-"Qu'êtes vous exactement ?"

- Je serais fou de ne pas vous craindre, madame.

Répondit-il avec assurance, au moins une assurance de façade. Puis il retiendra Kantz de nouveau et lancera à l'adresse de l'arbre, ou plutôt l'être qui leur parlait :

- Vous semblez tout à fait capables de vous exprimer d'ici, je ne vois guère le besoin de nous approcher davantage.

Ses sourcils se froncent en remarquant les spectres bouger, où allaient-ils ? Pourquoi là-bas... ces créatures étaient-elles finalement à la solde de cette entité ?... Il se retourne vers le sycamore :

- Où vont ces spectres ?

Il demandera cela avant même qu'elle n'ait répondu à sa prise de parole précédente. De fait, Kantz n'aura pas pu poser sa question.

Un tintement cristallin viendra accompagner la déclaration de l'homme aux cheveux argentés, un tintement évoquant une intense alégresse hors de propos dans ce lieu dévasté :

- En effet, vous êtes déjà fou d'avoir osé vous approcher si proche de moi, d'avoir accepté mon invitation. Mais vous vous rapprocherez, et je saurais récompenser votre folie.

Terminera la voix avant de laisser les deux compagnons se chamailler pendant un bref instant. A la question de Meruem, la voix repris, plus posée, bien qu'une teinte d'amusement continuait de poindre en elle :

- Une première question si fade... C'en est décevant... Ils vont rejoindre vos compagnons.

Elle terminera alors sinistrement.

- Je n'ai pas pu leur faire bénéficier de la même hospitalité. Une grande partie de mes pouvoirs sont toujours scellés dans cet ancien sycomore à l'agonie. Je ne pouvais tous vous dissimuler.

Avant que le silence ne retombe sinistrement comme un couperet. Laissant Kantz et Meruem face à cette simple réponse dont les implications étaient on ne peut plus claires.

Meruem avait apprit des contes et légendes qu'il fallait se méfier des entités sibyllines, promettant monts et merveilles à ceux qui leur obéirait. Ici, il lui sembla manquer de tellement d'informations, il était trop en proie aux doutes, à l'incertitude, pour laisser le professeur et les deux jeunes filles peut-être mourir face aux spectres. Le jeune sorceleur craignait que l'entité ait lu au moins un peu en lui, et savait qu'au fond il n'en avait pas grand chose à faire des autres. Cette crainte la, celle d'être mené comme un pion, lui était insupportable. Après tout, pourquoi protéger les deux sorceleurs solitaires et froids, sinon parce qu'ils étaient plus à mêmes de répondre à l'appel du pouvoir que des gens plus ordinaires, plus simples, plus bons. Le tout était de gagner cette bataille d'ego peut-être en fin de compte qu'interne à Meruem, et il parla alors :

- Bien. Nous reprendrons cette discussion aux côtés de nos compagnons alors.

Il fit un signe de tête à Kantz, le suivrait-il pour sauver les 3 autres d'un grand danger ? Quoi qu'il en soit, il retourne sur ses pas, les spectres semblaient se diriger vers le passage secret qu'ils avaient découvert.

La voix se sera tue pendant cet échange, laissant le fil de la discussion se dérouler alors que les sorceleurs débattaient de la meilleur conduite à suivre. Ce fut avec un déplaisir palpable qu'elle reprit la parole quand les deux jeunes hommes avaient pris leurs décisions, décidant d'un commun accord d'abandonner la déesse. Elle les gratifiera alors de cette simple prémonition :

- Vous venez pourtant de les condamner.

Kantz et Meruem abandonneront alors l'arbre ainsi que l'entité qui semblait y résider, foulant la terre stérile pour replonger dans le tunnel. Alors qu'ils progressaient, ils ressentiront une étrange sensation, comme si ils venaient de changer de phase, quittant l'écrasante aura générée par l'entité pour retrouver l'air vicié qui enveloppait la montagne Gwyd, libérant leur sens. Le souffle froid du vent qui caressait leur peau nue était plus vivace, et l'odeur de moisissure qui s'échappaient des plais de l'arbre se faisait plus marquée. Deux hurlement de terreur inhumains s'échapperont du passage qu'ils avaient empruntés une minute auparavant, déformé et amplifié par les multiples échos du cri provenant du tunnel.  La voix de l'esprit raisonnera de nouveau, réitérant son sombre rappel :

- Libérez moi, je pourrais vaincre ces esprits et vous serez tous saufs. Où ignorez moi, et faîtes face aux conséquences de votre arrogance.  

La promesse était simple, mais le choix non moins complexe. Pensaient ils pouvoir vaincre les deux spectres, leurs compagnons pourront ils survivre assez longtemps ? Ou mettront t'ils la vie de leurs compagnons dans les mains de cette étrange entité dont ils savaient si peu ? Ses promesses étaient tentantes, porteuses de tellement de promesses, mais d'aucuns savent que les fruits aux couleurs les plus vives renferment parfois les substances les plus toxiques.